LA CONSCIENCE

 

 

INTRODUCTION

On distinguera conscience psychologique et conscience morale. Exemples: j'ai mal, j'ai très très froid... c'est mal! cet homme est ignoble... 

Dans le premier cas, des faits sont appréhendés, saisis. Ici, une douleur plus ou moins intense. Dans le second, un jugement de valeur portant sur une conduite est émis. Ici, la réprobation

Autre distinction importante: conscience individuelle et conscience collective.

 

La conscience, étymologiquement, désigne ce qui s’accompagne de savoir. Par conscience, il convient d’entendre la connaissance que chacun peut avoir de sa propre existence et du monde extérieur.

 

Reste à préciser quels sont les différents degrés de conscience ( les variations de notre être-au-monde).

On s’efforcera, ici, de définir la nature même de la pensée. Cette dernière est-elle le propre de l’homme ?

 

Si notre identité s’enracine dans une subjectivité constituante, nous ne pouvons pas cependant réduire la vie psychique aux seuls phénomènes conscients. Il existe une partie immergée : l’inconscient. Celui-ci peut se manifester dans les rêves ou encore à travers des lapsus.

 

La conscience en tant que capacité de représentation, nous permet-elle alors d’avoir totalement accès au moi, à notre singularité? Est-elle au fondement même de toute connaissance ou bien dans certains cas fait-elle obstacle à cette connaissance ?

 

A.CONSCIENCE SPONTANÉE ET CONSCIENCE RÉFLEXIVE

 

Ne pas confondre, tout d’abord, sensation et perception.

La sensation : phénomène qui traduit une stimulation des organes récepteurs (les sens). Des impressions sensorielles sont reçues. Différents stimuli interagissent.

 

La perception : elle organise, oriente des données sensibles. Elle s’associe, pour cela, à l’attention et à la volonté. A partir des sensations, une représentation se fait jour.  Exemples :

- voir regarder

- entendre écouter    

La conscience immédiate : ce que la connaissance des perceptions nous procure.

 

« J ‘appelle perception, l’impression qui se produit en nous à la présence des objets ; sensation, cette même impression en tant qu’elle vient par les sens ; conscience la connaissance qu’on en prend ». Condillac (1714-1780).

 

Ce qui vaut pour l’homme vaut-il pour l’animal ?

Un constat : l’animal sent, perçoit, peut exprimer des émotions (la joie, la tristesse).

L’accent est souvent mis sur le partage de la souffrance, ou – comme chez Rousseau – sur le sentiment de pitié. L’animal, lui aussi, est capable d’affects.

Mais, bien que certaines espèces disposent d’un appareil sensoriel très perfectionné peut-on   pour autant leur reconnaître une conscience ?

Certains animaux (dauphins, primates) ont des capacités cognitives indéniables. Ils peuvent apprendre, faire preuve de mémorisation et d’adaptation.

 

On se limitera, toutefois, à leur accorder une conscience exclusivement spontanée.

Lichtenberg : "si un singe se mire dans une glace, ce n'est pas l'image d'un homme intelligent qui s'y reflète".

 

Si un certain nombre d’éléments, en effet, rapprochent l’homme de l’animal, il existe entre les deux une ligne de démarcation décisive : celle du langage.

La représentation du monde et de soi-même passe en effet par les mots. Ceux-ci véhiculent du sens et des valeurs. Les mots sont le matériau privilégié de la pensée et ceci sur deux plans :

- celui du langage intérieur où l’homme converse avec lui-même

- celui du dialogue, discours tenu aux autres

 

L’homme dispose ainsi d’une conscience réflexive (c’est à dire opérant dans le retrait, la distance de soi à soi). Conscience seconde qui, par définition, n’adhère jamais à la plénitude des choses. Conscience objectale : jetée au devant d’elle même.

 

Etre de projet et de finitude, l’homme est habité spirituellement.

Il affirme ou revendique sa dignité. Il se détermine librement et ce, grâce à sa raison. Il sait inventer, innover : il est perfectible (susceptible d’être perfectionné ou de se perfectionner).            

 

Textes à consulter  :

1. Texte de Feuerbach(1804-1872)

 

 

2. Texte d'Alain (1868-1951)

 

Un trait distinctif est à retenir : la double existence de l’homme.

Non seulement l’homme sent, perçoit mais il est capable de commenter ses sensations et perceptions. Il se manifeste comme esprit et sait donner à ses actes un caractère singulier, personnel.

Etre pour soi, l’homme peut se contempler, se pencher sur lui-même ; se reconnaître. Il n’est jamais immergé dans le monde compact et totalement muet des choses.

Son rapport au temps est unique : capable de penser sa vie, il invente son propre présent et porte la responsabilité de ses actes. Il dispose, en effet, d’un libre arbitre (c’est à dire du pouvoir de juger ou d’agir par soi-même). Il se détermine librement.

L’homme est un être toujours en situation. Difficile donc de sous-estimer ses conditions réelles d’existence. Est-ce dire que c’est la vie sociale et matérielle qui façonne la conscience ? Qu’est-ce qui, chez l’homme, rend possible la conscience ?

 

B. LA CONSCIENCE MORALE

 

La conscience morale désigne le jugement par lequel nous distinguons le bien et le mal à travers nos actes (ou ceux d'autrui).

La connaissance et le respect des valeurs qui régissent la vie en société donne à l'exigence morale une dimension universelle.

Ce sens moral peut être partagé même si les mœurs, les prescriptions varient dans le temps et l'espace propres aux sociétés. Nous ne pouvons, en effet, nous affranchir de cette conscience. Cette instance de jugement — ce que la conscience approuve ou réprouve — a une importance primordiale.

 

3.Texte de J.J Wunenberger

 

L'homme est responsable de ses actes. Il se détermine librement, fait des choix, est capable d'en mesurer les conséquences et donc d'en répondre. Agissant de son plein gré, l'homme n'échappe pas à lui-même.Cf. Descartes: “il n'y a rien qui ne soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées”.

Cette conscience morale, animée par la volonté personnelle, permet à la fois de saisir et d'orienter nos conduites.

L'animal, lui, est enfermé dans la sphère de l'instinct. Les caractères génétiques et comportementaux de l'espèce le définissent totalement.

L'homme, au contraire, est par essence inachevé: il a à se construire, à se faire être.

 

Problème:

Peut-on définir la conscience morale comme ce qui s'impose de l'intérieur à l'individu (de manière innée) ou bien de l'extérieur, c'est-à-dire comme résultant d'un conditionnement social, d'une éducation parentale?

 

1. Une première piste: celle indiquée par Kant.

Pour Kant, la conscience morale n'est pas réductible à la culture, à l'apprentissage de règles sociales ou éducatives particulières.

Il ne s'agit pas de respecter les lois sociales seulement parce qu'elles existent. Kant rejette ce conformisme commode. Cette conscience morale correspond à une voix intérieure qui nous intime, en permanence, notre devoir. Elle s'impose à chacun de l'intérieur comme une injonction, elle nous commande; c'est un "juge" qui nous signifie ce que nous devons faire.

 

4.Texte de Kant (1724-1804)

 

2. Une seconde piste: celle indiquée par Freud.

Il convient de prendre en compte les valeurs transmises par le milieu familial, social et culturel. L'intériorisation d'un ensemble complexe de normes, la prégnance des modèles de conduite peut, il est vrai, être plus ou moins marqué. Notre activité psychique n'est pas seulement consciente.

Aussi Freud définit-il l'insconcient comme une dynamique où plusieurs forces le monde extérieur, le surmoi et le çà interagissent.

Dans cet inconscient, des représentations liées à des pulsions primitives, aux désirs, ont été plus ou moins enfouies. De manière déguisée, ces représentations se réinvestissent sous des formes très diverses ( rêves, lapsus, actes manqués ou compulsionnels...). Mais ce qui a été refoulé, exige pour être maintenu une énergie continuelle, une résistance du moi. Et, c'est précisément la conscience qui servira de médiatrice entre le principe de réalité, les impératifs moraux et le principe de plaisir.

 

Une critique:

Mais si dans certaines situations, nous tentons d'excuser nos actes par des motivations inconscientes, n'est-ce pas diluer notre part de responsabilité? N'est-ce pas "fuir ce que l'on est" dit Sartre; se démettre de soi- même et par là, se réfugier dans le mensonge et la mauvaise foi.

Nous ne sommes nullement le jouet de forces instinctives et obscures qui nous échappent. Invoquer un déterminisme de l'inconscient revient à abdiquer sa liberté. La conscience est bien plutôt un pouvoir de dépassement.

 

Conclusion:

Notre propre libération passe par la connaissance des déterminismes inconscients.