Dans l'Antiquité déjà, Cicéron, tout en notant combien les hommes étaient sujets à des coutumes étranges, admet que: "Il n'y a pas en effet d'êtres qui, comparés les uns aux autres, soient aussi semblables, aussi égaux que nous. C'est bien la preuve qu'il n'y a pas dans le genre humain de dissemblance, autrement la même définition ne s'étendrait pas à nous" (Des Lois, I, X). [...]

Et de fait, aucune société humaine n'a vraiment renoncé à l'interdit du meurtre et de l'inceste ou à l'encouragement de conduites altruistes* comme la générosité, l'hospitalité, etc. L'inventaire, complaisant ou condescendant des différences anthropologiques* ne suffit donc pas à fonder l'existence d'une coupure anthropologique dans le sens moral. Autant le vécu moral et le contenu des prescriptions* peuvent connaître des variations, autant le souci de bien agir et de bien vivre selon un certain nombre de vérités principielles* semble un invariant anthropologique incontestable.

J.J Wunenburger, Question d'éthique.

 

*altruistes: soucieux de la vie des autres

*anthropologique: qui relève de l'étude de l'homme

*prescriptions: les différentes lois ou règles à observer

*principielles: ayant la valeur de principes

 

Cicéron: 106-43 av. J.-C