LE STATUT DE L'OPINION |
1. L’ignorance : celle-ci consiste à vivre dans
l’illusion, sous l’emprise des apparences.
2. La doxa : l’opinion. Avis personnel. Ce que l’on
tient pour vrai de manière immédiate. C’est un jugement subjectif et
irréfléchi. Plus que le contenu, la manière d’affirmer l’emporte. Les choses
sont dites sans être connues.
Les sources mêmes de l’opinion sont nombreuses, la tradition,
l’éducation, l’intérêt, les passions, l’expérience… L’opinion est le reflet de
la passivité de l’esprit voire d’une démission sur le plan intellectuel.
L’opinion rassure, favorise l’échange et l’intégration au sein
d’un groupe.
3. La science : savoir supérieur car maîtrisé,
ensemble de connaissances ayant un caractère rationnel. Savoir démontré et
assuré (vrai en soi car indépendant de celui qui le prononce).
Tous les hommes ont des opinions mais bien peu pensent. Les
obstacles, en effet, ne manquent pas. Ce que résume à sa manière le proverbe
chinois : le lieu le plus obscur est toujours sous la lampe.
Penser :
Être capable de se déterminer par soi-même (ce qui requiert un
travail de distanciation et d’objectivation)
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Avoir une opinion :
Ce qui relève
de la conjecture, de la croyance. Il s’agit d’une connaissance seulement
probable ou vraisemblable (qui me paraît vraie).
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Être dans l’ignorance :
Se trouver
privé de savoir (celui qui ignore qu’il ignore) ; celui qui croit savoir
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L’opinion est une connaissance qui s’enracine dans l’expérience
sensible. C’est un tissu d’impressions et, par conséquent une connaissance
empirique inférieure ; insuffisante.
Mais si l’opinion est un état intermédiaire entre la science et
l’ignorance, elle revêt toutefois une valeur pratique car elle désigne assez
généralement les objets sensibles par leur utilité ; elle traduit des
besoins. En ce sens, elle représente un tout premier degré d’élaboration.
On appellera opinion droite,
" bonne croyance" (orthodoxa) une connaissance vraie (c’est-à-dire dont le
contenu est en accord avec la réalité) mais qui n’est pas justifiée. Celui qui
l’émet n’est pas capable d’en rendre raison, d’en légitimer les fondements. Cette
opinion droite sert toutefois de guide à l’action.
Le savoir est considéré comme ce qui nous permet de nous élever
dans l’existence. Il s’agit d’un cheminement avant tout
discursif qui présuppose une disposition à l’art dialectique, science des
définitions et des démonstrations.
L’étonnement ici joue un rôle premier. Il coïncide avec la
découverte d’une contradiction entre des opinions et engage à la réflexion ;
à l’interrogation. La rupture avec l’opinion exige dès lors le dialogue, une argumentation
à la fois cohérente et éclairée.