Véronique Olmi
http://www.ens-cachan.fr/actu/Olmi.htm
Véronique Olmi : Bord de mer |
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En pleine semaine d'école, une mère de famille emmène ses deux enfants, Kevin et Stanley, en bord de mer. C'est un voyage difficile, en bus, à travers la nuit et sous une pluie continue. L'hôtel est plutôt minable, la chambre ridiculement petite, le temps ne permet même pas de distinguer la mer de l'horizon, l'argent manque. Les jours pourraient être meilleurs. Mais de ces jours meilleurs il n'en est pas pour cette femme, qui doucement va s'enfoncer, se cogner à cette ville, à l'image du monde, hostile, froid, sans avenir possible, sans légèreté aucune, pas même dans cette foire foraine où elle conduit ses gosses. Rien qu'un voyage au bout de la nuit, qui s'achève dans l'étouffement. Un premier roman réussi, lourd et pesant, asphyxiant, dans lequel Véronique Olmi (dramaturge) brosse le sinistre et sordide portrait d'une femme déchirée, acculée, minée par ses angoisses. (Céline Darner) Quatrième de couverture L'auteur vu par l'*diteur
(Amazon.fr)
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Pour en savoir plus : |
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- "Véronique Olmi dans un mortel vague à l'âme"
de Jean-Luc Douin.
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- "Mer ingrate" de Martine de Rabaudy. L'Express du 19 avril 2001 |
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Bord de mer
de Véronique Olmi
Éditions Actes Sud
par Christophe Leroy
Des livres qu'on lit, il en est qui glissent sur nous, d'autres plus rares nous émeuvent, nous troublent. D'autres enfin, plus rares encore, nous bouleversent. Ils nous prennent dans le creux de leurs mots, dans les sillons de leurs phrases et nous retournent, font germer en nous des idées nouvelles, inédites et surprenantes. "Bord de mer" de Véronique Olmi est de ceux-là.
Véronique Olmi est dramaturge, cela se sent à sa plume. La structure de son roman est simple, presque classique avec la trilogie théâtrale d'unité de lieu de personnages, d'action. La progression de l'histoire est linéaire, évidente et efficace dans sa simplicité. L'auteur maîtrise parfaitement l'art de l'intrigue. Lentement, elle laisse monter l'émotion, l'inquiétude puis l'angoisse et c'est peu à peu que se dessine le versant dramatique du livre qui bascule tout à coup d'une simple excursion au bord de mer vers un drame familial poignant par un événement d'une simplicité magnifique, quand la mère vide son porte-monnaie. Elle compte les pièces de dix, vingt centimes et l'ampleur de l'histoire apparaît au grand jour, se dévoile. Un trio: la mère et les deux enfants, partent en bus vers la côte. Il ne se passe rien, ou presque, sinon le désespoir qui apparaît peu à peu, avec l'amour de la mère pour ses enfants qui explosent, sous la douleur un amour immense, sans issue. Ils vont à l'hôtel, voir la mer, boire un chocolat chaud dans un café, à une fête foraine.
Pas de violence, pas de racolage de la part de l'auteur, pas de tricherie avec le sensationnel ou le surfait. Tout reste mesuré, sans excès; jusqu'au style de l'auteur; une écriture simple, des phrases de tous les jours à travers lesquelles elle laisse percer une sensibilité émouvante et une vraie tendresse pour ses personnages.
La scène finale, si prévisible et si étonnante pourtant est déchirante, longue et sans concession, sans artifice.
Mais comment parler d'un livre sans trahir la surprise du dénouement ,sans voler l'émotion au lecteur. Je l'ai lu et aimé, mes amis et amies ont tous été émus par lui. Bord de Mer, un vrai bijou d'émotion, de maîtrise, de sensibilité. Un livre dont on ne sort pas indemne avec en soi un surplus d'émotion, une de ces sensations qui fait que l'écriture est un art que Véronique Olmi maîtrise parfaitement.
Christophe Leroy
28/06/2002
http://www.remue.net/lire/T030517Olmi.html
Véronique Olmi / Bord de mer
Avec Bord de mer, Véronique Olmi, par ailleurs auteur dramatique, signait en 2001 son premier roman. Réédité cette année en collection poche Babel chez Actes sud, ce texte fulgurant, né de la lecture d’un fait divers réel, accomplit en un peu plus de cent pages d’un seul souffle le miracle de nous conduire à être un peu plus au monde. « On avait pris le car, le dernier car du soir, pour que personne nous voie. Avant de partir les enfants avaient goûté, j’ai remarqué qu’ils finissaient pas le pot de confiture et j’ai pensé que cette confiture allait rester pour rien, c’était dommage, mais je leur avais appris à pas gâcher et à penser aux lendemains...» Il fait nuit donc et froid quand cela commence. Elle, dont on ignorera le nom sauf celui de « maman » que lui donne ses deux petits garçons, les emmène justement, ses petits, voir la mer. Elle prend avec eux ce car, un soir, il y a école pourtant le lendemain, vers une ville où il pleut quand ils arrivent, vers un « hôtel marron », se dit-elle. « C’est l’hôtel, maman ? a demandé Kevin, et sa voix à lui aussi flanchait mais c’était sa voix de grande fatigue, je la connaissais bien, ça m’a presque rassurée. Entre, j’ai répondu, et il a fallu qu’on se lâche tous les trois, on passait pas la porte accrochés comme ça les uns aux autres, sans parler des sacs de sport...» Dans cette ville où il pleut, une fête foraine quand même. Et la mer. Une mer grise mais qui est là, suffisamment là pour croire un instant possible de leur raconter, à ses garçons, qu’il lui arrive d’être bleue, que l’été on y joue et rit. « En vrai elle est toute bleue, j’ai dit à Kevin, mais elle faisait un tel raffut qu’il m’a pas entendue –peut-être aussi que je l’ai pas dit, peut-être que je me parlais à moi-même, Elle respire fort la mer ! m’a crié Kevin en me secouant le bras. N’aie pas peur, j’ai fait, c’est pour te dire qu’elle est contente de te voir, tu lui as drôlement manqué ! » Voilà. C’est là. Glissé dans les mots qui se foutent des règles de la ponctuation. La fracture. La tragédie. On la sait vite, dès cette histoire de confiture qui va rester pour rien, dès ce bleu peut-être jamais prononcé. Mais sans se résoudre à l’inévitable. Parce qu’on ne peut pas ne pas les entendre aussi ces instants du récit où il suffirait d’un rien pour que la vie, leur vie à ces trois là, bifurque autrement. Parce que toute l’écriture de Véronique Olmi nous tient dans cette insoutenable tension entre l’histoire telle qu’elle nous est racontée et la vie de ces trois-là, en vrai trop pleine de bleus, sans fiction possible hors cet ultime voyage. Une écriture simple, serrée, incisive, poignante, généreuse. Infiniment juste parce qu’évidemment traversée, obstinée dans le projet de se coltiner avec le monde en ne se préservant – en ne nous préservant – de rien. Alors forcément on sort sonné de cette lecture, boxeur qui s’est fait compter, tout entier entre souffrance et éblouissement. Tout entier à l’écoute de cette voix qui dit « je ». Un « je » miné. Bord de mer est ce long monologue qui n’a pas pu être, pas plus que les mots de la mer toute bleue. Ce long monologue où retentissent des mots, des gestes, des regards, toute la terrible indifférence du monde alentour. La nôtre aussi bien sûr, on ne s’en tirera pas comme ça. Avec la splendeur quand même et la force des enfants, la tendresse infinie, l’amour. Oui l’amour, d’une mère au bord qui les borde encore ses petits bord de mer bord de mort. D’une femme dont l’histoire nous parvient par bribes, détails infimes et nous ne saurons rien de plus. Ce serait trop facile que le récit comble les trous d’une de ces vies que nous croisons chaque jour en aveugle. Ni psycho, ni mélo, Véronique Olmi ne nous explique rien, ne commente rien, accuse encore moins, donne seulement à entendre l’ici et maintenant de cette voix qui la traverse. Parce qu’écrire peut-être lui a semblé le seul geste humain possible après la lecture de ce terrible fait divers. Une écriture portée par cette « lumière du désastre » qui, de Blanchot à Joël Vernet, ne nous guérit de rien, ne nous exempte d’aucune responsabilité, mais nous sauve quand même parce que la beauté, simplement. L’humble présence. Du cri.
Pour en savoir plus sur Véronique Olmi via le Matricule des Anges : http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=10743 chez Actes Sud : http://www.actes-sud.fr/fichud.asp?codud=F77151 Eléments sur l’auteur |
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