S’APPROPRIER L’ESPACE SCÉNIQUE

DES BOULEVERSEMENTS DANS L’ESTHÉTIQUE DE LA REPRÉSENTATION

1.

     Impossible, désormais, de revenir au naturalisme dans le spectacle lyrique, à ce mouvement de pensée qui désigne la volonté de restituer un univers donné de façon la plus réaliste possible. Un objet de culte très académique a été définitivement brisé (on se rapportera aux travaux de Mahler, d'Appia et de Craig, éminents novateurs en ce domaine).

 

La dramaturgie a, aujourd'hui, d'autres exigences et l'art de la mise en scène a été profondément renouvelé.

 

L'accent n'est plus mis sur les procédures d'imitation, de re-production (du faire vrai). Grâce aux multiples ressources des techniques d'éclairage, une nouvelle dynamique suggestive est proposée à notre imaginaire. Le jeu scénique, les décors et les costumes expriment le rejet des atmosphères véristes.

 

 

Que s’est-il produit ? Un irréversible travail d’épuration s’est engagé. Il s’agit, en effet, de s’opposer à l’illusion figurative et de donner un autre monde à saisir en recourant à  l’abstraction des formes, des couleurs et des gestes.

 

 

Par là-même, la modernité de l’Opéra exige toujours beaucoup du spectateur. Elle requiert une surprenante disponibilité intellectuelle. En un mot, elle repousse la paresse. Ce que nous avons, une fois de plus, pu mesurer lors de nos différentes sorties

 

  

2.

(représentation de Lohengrin, du Tour d’Ecrou et de Fidelio).

 

 

De manière très lucide, les travaux des élèves sur l’espace scénique, en témoignent. Nul souci décorativiste, ici. Mais une joie sensible à sculpter les formes et les volumes. Très très peu d’accessoires, l’espace est réduit à l’essentiel. Des propositions qui sont, pour la plupart, très toniques dans l’architecture des ombres et du matiérage. Parfois même , le jeu s’avère assez osé… avec les plans et les dispositifs d’éclairage.

 

 

Nous pouvons maintenant répondre à la question (qui nous tenaillait dès le départ): qu’est-ce qu’une maquette d’opéra?

Une  boîte à l'agencement simple mais pertinent car il nous aide à mieux voir les complexités de la scène. Construire une maquette, c’est démultiplier le réel, mettre à nu l’espace ; disposer d’un modèle capable de faire surgir un jeu de propositions, un faisceau d’hypothèses. Pour conclure, une maquette est un générateur d’idées qui nous offre de manière concrète un autre champ de vision.

 

 

Nos remerciements aux Premières Arts appliqués et tout particulièrement à Stéphane Vacelet et Alain Capdeville, professeurs d’Arts appliqués, sans qui ce travail n’aurait pas été possible.

 

Claude Briantais, professeur de Philosophie.