PP.101-102

Et je voulais aussi, et surtout, m'en aller à la messe en l'église de Sombreuil où j'ai affaire. C'est fou ce que ce petit tour dans le matin m’a fait du bien. Les restes de la nuit sont aux premières heures ce que les doutes sont à l’âme. J'ai décidé où maintenant je suis. Le grand jour est levé. Et tous mes pas ont pour ressort la certitude. Je me sens fort.

J'ai attendu dix heures assis près du château, à l'écart sous le feuillage des marronniers. J’ai chassé une a une toutes les phrases qui voulaient me relancer. Et j'ai poussé dehors les mots « Tullier », « Guillaume » et « Charles », « Françoise » et « Héloïse », et tout un bric-à-brac de photos, de vieux livres et d'avions. Plus rien. Le grand vide et l'attente dans le chant des bouvreuils, des effarvattes, du coucou. Soudain, la cloche lâche sa première note: un ré, trois fois, quatre, il rebondit sur les prés, sur les cimes, on dirait une bulle légère, où sont unis le bronze et la prière. Aussitôt qu'elle m'atteint, elle se dissout en moi comme un échantillon d’éternité.