UNE RÉALITÉ MIXTE

La démarche cartésienne (rappel) se caractérise par un passage du doute absolu à l’évidence du cogito.

Le cogito peut être défini comme savoir immédiat de soi-même ; certitude d’exister. Je me saisis dans l’acte même de douter. Je suis ce sujet pensant, cogitant.

a. Res cogitans

Je suis cette substance " dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser ".

Le cogito, la pensée en acte est la marque du sujet. Cette conscience de soi est signe d’autonomie.

Je suis cette substance " qui pour être n’a besoin d’aucun lieu ni ne dépend d’aucune chose matérielle ; en sorte que moi, c’est-à-dire l’âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu’elle est plus aisée à connaître que lui, et qu’encore qu’il ne fût point, elle ne laisserait pas d’être tout ce qu’elle est ". Cf. Discours de la méthode. 

L’esprit est, pour Descartes, l’âme tout entière.

b. Res extensa

Je suis aussi une substance matérielle, une chose qui occupe une certaine position dans l’espace et, qui peut donc être définie par l’étendue, la figure et le mouvement.

Ces deux substances bien que distinctes ne sont pas pour autant séparées. Je suis en effet, inscrit dans la nature par mon corps et par mes pensées qui en sont l’expression. " La nature m’enseigne aussi, par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc.; que je ne suis pas seulement logé en mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire, mais, outre cela, que je lui suis conjoint, et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui ". Cf. Méditations métaphysiques.  

Le corporel et le spirituel forment une réalité mixte.

L’âme, substance spirituelle, est le principe créateur de la pensée. Mais, nos appétits, nos sensations, nos différents sentiments proviennent du corps et non pas de l’âme seule.

Un lieu de contact existe entre ces deux substances : il s’agit de la glande pinéale (l’épiphyse). Cette dernière étant pour Descartes, le siège de l’âme et du sens commun.