S'INTERDIRE LE MENSONGE |
Deux plans à prendre en compte: tromper l’autre et se mentir à soi-même.
a) Tromper
Mensonge : assertion énoncée dans le but de déformer la vérité.
NB. Le dissimulateur ne dit pas ce qui est, il ignore le devoir de vérité ("je connais la vérité mais je ne la dis pas").
Mentir : avancer comme vrai une chose qu’on sait fausse. Fausseté méditée : il y a intention de tromper. Faire prendre pour vrai ce que l’on sait (ou ce que l’on croit) être faux.
Nous avons, personnellement, le pouvoir de dire le faux, de le faire passer pour vrai :
- on utilise des
raisonnements fallacieux
- on ment par
omission : on s’emploie à taire la vérité
- on fait de
" pieux mensonges " : on ment, de manière délibérée, pour épargner quelqu’un.
b) Se mentir à soi-même
Existerait-il
une logique du mensonge permettant de ne pas s’accepter, de fuir ce que l’on
est ?
La
mauvaise foi : attitude de la conscience qui se ment à elle-même (le contraire même de la conscience lucide et responsable !) .La
mauvaise foi nous permet d’ignorer ce qu’on pouvait savoir ; elle tient à distance ce qui dérange et déplaît.
Une première tâche : pour naître à
soi-même, pour s’individualiser (se construire) nous nous devons à nous-même la
vérité.
Problème : existe-t-il cependant des situations où mentir est un acte légitime ?
1. On peut considérer le mensonge comme intenable
L’universalisation du mensonge supprime toute possibilité de
communication, annule la spontanéité du dialogue. L’extension,
la généralisation du mensonge ruinerait tout lien entre les hommes, tout
échange authentique, véridique.
Accepter de recourir au mensonge
revient à contredire l’idéale
égalité entre tous les hommes. Égalité sans laquelle il n’y
aurait aucune liberté pour quiconque.
Le
devoir de vérité est un impératif
catégorique (totalement inconditionné) : aucune circonstance ne
saurait légitimer le mensonge.Cette injonction de dire la vérité, quel qu’en
soit le prix, nous apparaît comme très formelle. Est-elle toujours
applicable …
Conclusion : nous sommes assignés à dire (à faire partager) la vérité et ceci
pour rendre possible le progrès moral. Le cheminement vers la vérité et le
respect d’autrui sont indissociables.
2. Il existe un art et
un temps pour dire la vérité
En
effet, certaines personnes ne sont pas toujours à même de recevoir et de
comprendre une vérité. Cela doit-il, pour autant, nous conduire à nous
taire ?
Cf. Étude
du texte de Jankélévitch.