JUGER SELON LA VÉRITÉ |
Le rapport entre l'entendement et la volonté
Descartes, Méditations, 1641.
Ma puissance de discerner le vrai d’avec le faux n’est pas infinie .
Mes erreurs dépendent du “concours de deux causes”, de la combinaison de deux facultés :
“ à savoir, de la puissance de connaître qui est en moi, et de la puissance d’élire, ou bien de mon libre arbitre : c’est-à-dire, de mon entendement , et ensemble de ma volonté .”
a. de la puissance de connaître qui est en moi
L’entendement : la faculté de connaître l’objet du jugement et
b. de la puissance d’élire, ou bien de mon libre-arbitre
élire : choisir
ou bien : en d’autres termes
libre-arbitre : volonté
La volonté : la faculté de se prononcer sur cet objet, le pouvoir de dire oui ou non ; d’affirmer ou de nier les idées conçues par cet entendement.
L’origine de mes erreurs :
“ à savoir, de cela seul que, la volonté étant beaucoup plus ample et plus étendue que l’entendement, je ne la contiens pas dans les mêmes limites, mais que je l’étends aussi aux choses que je n’entends pas ; auxquelles étant de soi indifférente, elle s’égare fort aisément, et choisit le mal pour le bien ou le faux pour le vrai . Ce qui fait que je me trompe et que je pêche. ”
Du bon usage de mon libre-arbitre :
“ si je m’abstiens de donner mon jugement sur une chose, lorsque je ne la conçois pas avec assez de clarté et de distinction, il est évident que j’en use fort bien, et que je ne suis point trompé ; mais si je me détermine à la nier, ou assurer, alors je ne me sers plus comme je dois de mon libre-arbitre ; et si j’assure ce qui n’est pas vrai, il est évident que je me trompe, même aussi, encore que je juge selon la vérité, cela n’arrive que par hasard, et je ne laisse pas de faillir et d’user mal de mon libre-arbitre ; car la lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l’entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté . ”
Chose claire : dont on saisit immédiatement les différents éléments.
Chose distincte : qui ne saurait être confondue avec une autre.
Conclusion : pour ne pas tomber dans l’erreur, nous devons donc retenir notre volonté dans les bornes de notre connaissance.