LA RECHERCHE DU SOUVERAIN BIEN CHEZ DESCARTES

Vertu cardinale, la vraie générosité s’enracine dans l’estime de soi (inclination de l’âme à se représenter la valeur de la chose estimée).

S’estimer à sa juste valeur : pas plus qu’il se doit.

La générosité s’oppose en cela à l’orgueil qui génère une fausse image de soi et conduit à abaisser les autres.

Bien distinguer dès lors les choses qui dépendent de nous et les choses dont l’acquisition ne dépend pas de nous (exemple : ce qui a été déterminé par la Providence divine).

Autrement dit, faire toutes les choses que nous jugeons être les meilleures consiste à nous engager dans la reconnaissance de valeurs véritables. Cette rectitude de l’intention est fondée puisqu’il nous est impossible de connaître immédiatement le bien absolu.

Objectif : avoir un empire sur soi-même en faisant un bon usage de notre liberté.

Les principaux traits de la générosité sont donc les suivants :

- indépendance vis-à-vis des opinions, adéquation à soi-même*

- ouverture aux autres, amour des autres

Etre généreux, c’est accorder aux autres, en effet, le pouvoir d’user de ce libre-arbitre, de leur reconnaître la même liberté. Raison d’estimer ainsi chaque homme à l’égal de nous-mêmes.

*adéquation rendue possible par l’acceptation d’un ordre naturel.

Il y a là une résurgence de la pensée stoïcienne. Le sage stoïcien étant celui qui accepte l’inévitable mais qui s’efforce d’améliorer toutes les choses qui peuvent l’être. La connaissance et l’acceptation de la Nécessité nous renvoient au bon usage de nos représentations.

Epictète : " il ne faut pas demander que les évènements arrivent comme tu le veux " " mais il faut les vouloir comme ils arrivent ".

D’où l’idée cartésienne de changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde.

Remarque de Descartes : " c’est proprement ne valoir rien que de n’être utile à personne ".Discours de la méthode.

La générosité vise à procurer le bien personnel de tous les hommes. C’est une invitation à participer à ce bien commun.

R.Char : " Accumule, puis distribue. Sois la partie du miroir de l’univers la plus dense, la plus utile et la moins apparente ".

Démarche raisonnée, la générosité traduit une élévation vers nous-mêmes et vers les autres.

Idéal humaniste qui repose sur l’articulation des savoirs. Trois plans principaux pouvant être distingués :

1.la métaphysique 2.la physique 3.la médecine, la mécanique, la morale*

* " J’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de sagesse " écrit Descartes dans les Principes.

Conclusion : Pour Descartes, le souverain bien ne consiste " qu’en une ferme volonté de bien faire, et au contentement qu’elle produit ".

Le cheminement cartésien permet alors de réconcilier deux positions contraires : celle des Epicuriens et celle des Stoïciens.

Pour les philosophes du Jardin ce souverainbien résidant dans le plaisir et pour les philosophes du Portique dans la vertu.