DIRE LA VÉRITÉ

Problème : la vérité est-elle toujours bonne à dire ? Souffre-t-elle des exceptions ?

La recherche de la vérité est une tâche exigeante. Elle requiert un examen critique, un discours réglé.

Démontrer : c’est rendre raison, donner des preuves.

Est vrai : ce qui témoigne d’une adéquation de l’esprit avec les choses,ce qui est en conformité avec la réalité, ce qui est universellement admis, recevable par tous.

Dire la vérité est un impératif à la fois moral et politique.

Il convient, en effet, de se libérer de l’emprise des désirs et des passions ; de se défaire des apparences et des illusions. Il s’agit, aussi, de se libérer des différentes formes d’oppression et de servitude.

Enjeu de cette tension vers le vrai : reconnaître la personne dans l’exercice de sa liberté et préserver sa dignité.

Trois étapes :

1. Eviter l’erreur

Être capable de distinguer le vrai du faux.

Faire preuve de discernement et de méthode ; ne pas se fourvoyer.

Le dialogue – à travers la réfutation réciproque – vient garantir la cohérence rationnelle. Dévier : je ne connais pas la vérité mais je crois la dire.

Une remarque : l’erreur, quand elle est reconnue, est une condition d’accès au vrai. Nous pouvons alors corriger, rectifier des connaissances antérieures.

2. Dissiper l’illusion

L’illusion désigne :

S’illusionner : confondre l’apparence avec la réalité.

3. S'interdire le mensonge

Deux plans à prendre en compte: tromper l’autre et se mentir à soi-même.

a) Tromper

Mensonge : assertion énoncée dans le but de déformer la vérité.

NB. le dissimulateur ne dit pas ce qui est, il ignore le devoir de vérité ("je connais la vérité mais je ne la dis pas").

Mentir : avancer comme vrai une chose qu’on sait fausse. Fausseté méditée : il y a intention de tromper. Faire prendre pour vrai ce que l’on sait (ou ce que l’on croit) être faux.

Nous avons, personnellement, le pouvoir de dire le faux , de le faire passer pour vrai :

    - on utilise des raisonnements fallacieux

    - on ment par omission : on s’emploie à taire la vérité

    - on fait de " pieux mensonges " : on ment, de manière délibérée, pour épargner quelqu’un.

b) Se mentir à soi-même

Existerait-il une logique du mensonge permettant de ne pas s’accepter, de fuir ce que l’on est ?

La mauvaise foi : attitude de la conscience qui se ment à elle-même (le contraire même de la conscience lucide et responsable !)

La mauvaise foi nous permet d’ignorer ce qu’on pouvait savoir ; elle tient à distance ce qui dérange et déplaît.

Cf. Texte de Sartre : le garçon de café.

Une première tâche : pour naître à soi-même, pour s’individualiser (se construire) nous nous devons à nous-même la vérité.

Problème : existe-t-il cependant des situations où mentir est un acte légitime ?

1.On peut considérer le mensonge comme intenable

L’universalisation du mensonge supprime toute possibilité de communication,annule la spontanéité du dialogue. L’extension, la généralisation du mensonge ruinerait tout lien entre les hommes, tout échange authentique, véridique.

Accepter de recourir au mensonge revient à contredire l’idéale égalité entre tous les hommes. Égalité sans laquelle il n’y aurait aucune liberté pour quiconque.

Le devoir de vérité est un impératif catégorique (totalement inconditionné) : aucune circonstance ne saurait légitimer le mensonge.

Cette injonction de dire la vérité, quel qu’en soit le prix, nous apparaît comme très formelle. Est-elle toujours applicable …

Conclusion : nous sommes assignés à dire (à faire partager) la vérité et ceci pour rendre possible le progrès moral. Le cheminement vers la vérité et le respect d’autrui sont indissociables.

2. Il existe un art et un temps pour dire la vérité

En effet, certaines personnes ne sont pas toujours à même de recevoir et de comprendre une vérité. Cela doit-il, pour autant, nous conduire à nous taire ?

Cf. Étude du texte de Jankélévitch.