LES LIENS SOCIAUX ET LEUR LÉGITIMITÉ INSTITUTIONNELLE |
I. Rapports sociaux et cadre institutionnel
La société est un ensemble d’individus
dont les actions sont fondées sur des liens de réciprocité. D’un point de
vue pratique, les échanges restent déterminants. La société et l’homme sont
constitutifs l’un de l’autre. « La société
elle-même produit l’homme en tant qu’elle est produite par lui. »
Marx, Manuscrits de 1844. Qu'il
puisse exister des sociétés sans état ne contredit en rien ce principe.
L’état est une forme de pouvoir
institutionnalisé en vue de l’intérêt public. Ce
pouvoir peut être défini comme la capacité à obtenir l’obéissance.
Le pouvoir politique repose sur des techniques
de persuasion mais aussi sur la loi et la faculté de contraindre (
c’est-à-dire d’utiliser la force publique). Il désigne également un
pouvoir sur : être capable de faire faire. « Un
mode d’action de certains sur certains autres. » Foucault.
L’état est une construction humaine. Il a ses
propres structures de fonctionnement. Il organise la société en s’appuyant
sur les administrations, les règlements et les obligations, les dispositifs
de contraintes et les sanctions pénales. On distinguera donc soigneusement
état et nation. Ce dernier concept exprime l’attachement
commun à des valeurs, à des traditions. Ici, l’identification au passé relie
à la fois des mentalités et traduit une volonté commune de vie, de destin.
- L’état est souverain.
Aucune autorité n’est au-dessus
de lui. Il détient, en effet, la puissance législative et administrative mais
aussi la force. Disposant de l’autorité de la loi et pouvant la faire observer,
il génère des rapports de soumission et de subordination.
- Sa forme juridique s’inscrit dans une Constitution.
Ceci
rend possible son fonctionnement et assure la continuité de son action. Le
pouvoir est fondamentalement lié à la fonction exercée et non pas à une personne
en particulier.
- La recherche de l’intérêt général l’anime.
L’état trouve ainsi sa légitimité
dans un accord avec le droit (la recherche de ce qui doit être). On parlera
alors d’état de droit, c’est-à-dire d’un
état dont les pouvoirs sont limités par le droit.
Conclusion : autorité
politique souveraine, l’état a pour fonction de garantir le Droit (et non
pas de promouvoir la vertu). Il lui appartient de servir l’intérêt public
et de préserver chacun de l’arbitraire.
II.
Légitimité du pouvoir politique
Sa
capacité à obtenir l’obéissance repose sur plusieurs facteurs :
-
La menace :
pouvoir aussi visible que fragile.
-
La puissance :
elle représente l’aspect matériel du pouvoir, elle est à la fois tangible
et dissuasive.
- L’autorité : c’est-à-dire la reconnaissance et l’ acceptation spontanée d’une hiérarchie entre des individus.
« Sa caractéristique essentielle est que
ceux dont l’obéissance est requise la reconnaissent inconditionnellement ;
il n’est en ce cas nul besoin de contrainte ou de persuasion. »
Hannah Arendt.
-
Le consentement : le
fait de donner son accord.
Si les lois ont pour objet l’intérêt général,
elles inspirent et commandent le respect. En obéissant aux lois, l’homme se
rattache à l’autorité politique de l’état et, est ainsi en mesure de réaliser
effectivement sa liberté. La répartition des pouvoirs en pouvoir exécutif,
pouvoir législatif et pouvoir juridictionnel permet
de limiter la puissance de l’état.
L’état est une réalité conventionnelle qui exprime
un accord passé entre des individus afin d’assurer de manière collective leur
survie, leur sécurité et la protection de leurs biens. La formule de
Mirabeau (1749-1791) est, en ce sens, à méditer. « Si
l’Etat est fort, il nous écrase ; s’il est
faible, nous périssons. »
L’institution de l’état témoigne de la volonté de soumettre la vie politique
à des exigences rationnelles. Reconnaître
ces exigences nécessite des espaces de dialogue. Autrement dit, l’exercice
de la citoyenneté requiert vigilance critique et débats contradictoires.