LA RELATION MAITRISE-SERVITUDE.

 

 

 

Problème : comment accéder à la conscience de soi ?

 

Thèse de Hegel : la conscience ne peut se construire qu’en s’opposant à d’autres consciences.

 

Autrui est nécessaire à la constitution même de la conscience de soi. L’autre est le médiateur, celui qui me permet d’accéder à ma propre conscience. Sartre : « L’intuition  géniale de Hegel est ici de me faire dépendre de l’autre en mon être. Je suis, dit-il, un être pour soi que par un autre ».

 

Qu’entendre par conscience de soi ?

Une pure identité de soi à soi. La connaissance qu’un sujet possède de ses propres représentations et de lui-même.

Mais cette intuition de soi n’est possible que par une autre conscience. Il y là, à la fois, la nécessité de se différencier et d’être reconnu dans sa singularité. Ceci exige donc une reconnaissance réciproque des libertés.

Ce désir de reconnaissance indique une tension de l’être pour se réaliser, se révéler dans son humanité ; parvenir à la conscience authentique de soi-même.

 

Désir négateur.

« Toute conscience poursuit la mort de l’autre » écrit Hegel. Il ne s’agit pas, ici, d’une mort réelle, physique. Toute conscience cherche bien plutôt à asservir l’autre, à détruire son autonomie et sa liberté ; tend à la supprimer en tant que conscience agissant contre elle-même.

D’où cette idée d’une lutte à mort qui permet à chaque conscience de se prouver elle-même dans l’opposition et de se faire reconnaître comme personne.

Nous sommes alors dans un mouvement conflictuel où chaque désir cherche à se faire reconnaître par l’autre désir.

Mais le conflit est un moment destiné à être dépassé. Cette relation sur le mode du conflit est, en effet, asymétrique.

 

 

Qu’en est-il de cette relation maîtrise-servitude ?

 

A.Le maître.

Ce terme désigne celui qui n’est pas attaché à l’existence concrète, immédiate. L’homme qui n’ayant pas peur de la mort, met sa vie en jeu et s’élève  au-dessus de la nature , de son être-là. Opération sur soi et par soi.

Le maître est celui qui s’arrache à la réalité matérielle donnée et qui, par là, devient un être libre. Sa conscience, en effet, reste toujours supérieure à la simple vie corporelle, déborde le cadre naturel biologique (organique, sensible). Cette capacité du maître à nier, à transcender son être-là immédiat témoigne d’une totale indépendance vis-à-vis de l’en-soi.

 

Le pour-soi représente ainsi la conscience en tant qu’elle est séparée de l’en-soi et qui, a su se faire reconnaître par l’autre mais en recourant à la force et à la violence.

Enfin, si le courage et l’héroïsme caractérisent le maître ce dernier ne peut reconnaître sa supériorité que dans l’attitude de l’esclave. Toute la vérité du maître est dans le regard de l’esclave.

 

B. L’esclave.

Mot désignant celui qui a eu la vie sauve (dont on a conservé l’existence). Conscience serve car ayant préféré, dans un acte auto-négateur, la vie à la liberté  et qui par sa soumission a perdu sa dignité. L’esclave est celui qui n’a plus de volonté propre.   

Pour l’esclave, la réalité naturelle est tenue pour essentielle. Sa vie est devenue quasi animale, complètement organique et immédiate. L’esclave est ainsi englué dans la réalité naturelle. Ne pouvant s’extraire de cette réalité sensible, l’esclave a par là-même renoncé à la lutte.

 

Un renversement dialectique peut toutefois être envisagé.

Un double constat : le maître ne travaillant pas, dépend totalement de l’esclave pour sa subsistance. Il est condamné à faire travailler l’esclave pour satisfaire ses propres désirs. Sa liberté présente donc un caractère négatif. Il ne peut jouir que passivement des choses.

L’esclave transforme la nature. Le monde porte la marque de son activité, de son travail servile. L’esclave peut, de ce fait, nier son animalité. Seule la conscience de ses propres œuvres peut le faire accéder à son autonomie. Ce qui signifie que son émancipation reste possible.

Par son travail, acte auto-créateur, l’esclave se crée lui-même comme homme et pénètre dans le monde humain de la technique. Autrement dit, c’est en reconnaissant sa propre empreinte dans le monde naturel que l’esclave peut se détacher de ce dernier et s’affranchir ainsi de ce qui l’opprime par le développement de sa conscience personnelle. Mouvement qui l’amènera à désigner au maître le caractère positif de sa liberté.

 

Conclusion : l’essence de chaque individu ne réside pas dans son existence biologique, dans son être-là déterminé mais dans la certitude que sa conscience a d’elle-même.

Ce désir de reconnaissance peut dès lors être défini comme mouvement intersubjectif où des consciences se reconnaissent comme libres et autonomes.