LA RAISON

 

INTRODUCTION.

La raison encore appelée logos (dans l’antiquité grecque), lumière naturelle (à l’âge classique) désigne une double exigence :

Cette faculté d’ordre, de calcul (ratio) est, nous dit Descartes,  " naturellement égale en tous les hommes ".

Mais, l’homme est un être d’action aussi la raison s’oppose-t-elle fréquemment aux débordements des passions, aux désirs, à l’imagination, aux illusions des sens.

Si la raison est en nous première, pouvons-nous toutefois accéder à des vérités absolues ? Suivre les lois internes de la raison signifie-t-il que tout est intelligible en droit ?

Problème : quel est donc notre pouvoir et quelles en sont les limites ?

I. UN BON USAGE DE LA RAISON.

La raison est à la fois universelle, immuable (elle n’est pas sujet au changement) et innée.

Nous pouvons selon notre propre volonté disposer librement de cet instrument

naturel.

Définition cartésienne : " la raison est la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d’avec le faux ".

Bien juger, c’est-à-dire donner une rectitude à nos jugements. Encore faut-il, pour cela, posséder une méthode.

Remarque : pensée et raisonnement doivent être distingués.

Il existe, en effet, diverses formes de pensée qui ne sont pas, pour autant, des raisonnements.

Le rêve, l’intuition, l’association d’idées relèvent de la simple activité psychique et non d’un exercice logique.

Les trois principaux modes de raisonnement sont les suivants :

  1. le raisonnement par analogie.
  2. Analogos : être en rapport avec.

    C’est un raisonnement par comparaison, basé sur des ressemblances, des équi-valences fonctionnelles.

    Il s’agit d’une généralisation qui se fonde sur la définition de caractères communs.

    Exemple : le cœur (réalité organique) est comparé à une pompe (modèle mécanique).

  3. le raisonnement par induction.
  4. On remonte des faits particuliers aux principes, aux lois générales. Kant : " on conclut du particulier à l’universel […] selon le principe de généralisation ce qui convient à plusieurs choses convient aussi aux autres choses du même genre. "

  5. le raisonnement par déduction.

A partir d’une ou de plusieurs propositions données on conclut à une proposition spécifique qui en est la conséquence nécessaire.

Pour Descartes, c’est une " opération par laquelle nous entendons tout ce qui se conclut nécessairement d’autres choses connues avec certitude. En mathématiques, on utilise la démonstration par récurrence (on passe des principes aux conséquences).

NB. Dans un raisonnement par l’absurde, on prouve qu’une proposition est vraie en s’appuyant sur la fausseté manifeste d’une – au moins – des conséquences de sa contradictoire.

Exemple : si tout est plein alors le mouvement est impossible or le mouvement est réel (simple constatation empirique), le vide existe donc.

L’intuition s’oppose à ces trois types de raisonnement. C’est une saisie immédiate du lien existant entre un principe et des conséquences qui ont le caractère de l’évidence.

II. LE SAVOIR RATIONNEL ET L’ACTION RAISONNABLE.

Rationnel : ce qui peut être logiquement démontré.

Ce qui est l’objet d’un examen critique.

Un dialogue réglé (obéissant à des règles, des principes) est pour cela nécessaire.

Raisonnable : la raison s’applique, ici, à la vie morale.

On parlera de conduite sensée.

Ce qui est visé, c’est la sagesse pratique.

Quelques antonymes : rationnel / irrationnel raisonnable/ déraisonnable

raisonner/ déraisonner affirmer/ infirmer

Bien penser : examiner sans précipitation. Rationaliser : rendre intelligible.

Accéder au vrai, c’est là une opération discursive (rationnelle) fondée sur

des discours ordonnés, des dialogues rigoureux et cohérents.

Des arguments objectifs sont mis en œuvre. La validité est recherchée. Il s’agit

de penser clairement et distinctement.

Trois principes logiques régissent cet exercice de la pensée. Ces principes sont

les suivants :

1.Le principe d’identité : A est A.

Une chose est ce qu’elle est.

2.Le principe de non-contradiction : A ¹ non A.

Une chose n’est pas ce qu’elle n’est pas.  

Une chose ne peut pas en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être dans un même sujet.

3.Le principe du tiers exclu : A = B V A ¹ B

Une chose est égale à une autre ou différente d’elle.

V : ou exclusif (il n’y a pas de 3ème possibilité).

De deux qualités contradictoires, un sujet possède nécessairement soit l’une, soit

l’autre.