POUR QUEL GENRE DE VIE OPTER ?

 

Pour Calliclès, il convient de donner libre cours à toutes nos passions. Il appartient aux plus puissants de démultiplier leurs désirs et de les satisfaire.

Rappel : Calliclès est un personnage crée par Platon, un sophiste imaginaire (à la fois violent, riche et ambitieux).

 

Thèse de Calliclès :

 

« si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu’elles peuvent désirer ». (491 e- 492a).

 

Comment Calliclès justifie-t-il ce renversement des valeurs ?

La force, dit-il, fait loi ; elle s’enracine spontanément et légitimement dans l’ordre naturel (la phusis). C’est une nécessité de fait élevée par Calliclès au rang de droit.

Un constat empirique : les inégalités, les hiérarchies sont naturelles. Ceci vaut non seulement pour le monde animal mais pour le genre des hommes.

 

Pour Calliclès, la loi (nomos) est ce que l’usage, les conventions imposent de manière arbitraire.

En réalité, c’est une invention des plus faibles (de tous ceux qui sont animés d’un ressentiment vis-à-vis des plus forts). La loi vise à brider les plus courageux. Le plus grand nombre cherche ainsi par un artifice à niveller, à affaiblir, en ayant recours à l’égalitarisme. Il s’agit, pour la multitude,  de recourir à la loi pour se protéger de la force des plus forts.

Cette loi de la nature est donc loin d’être reconnue par tous car les plus faibles (les plus nombreux) au nom de la justice et de l’égalité lui substituent celle de modération. 

 

Or la véritable justice désigne le pouvoir des hommes libres et forts de vivre conformément à leurs désirs, autrement dit selon la nature. Avoir la capacité de satisfaire tous ses désirs c’est suivre les lois immuables et universelles de la nature. Mode de vie, qui d’une certaine manière, contredit les règles sociales instituées, toujours particulières et contingentes.

« la justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c’est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ». (483d).

Par voie de conséquence, Calliclès affirme qu’il est plus mauvais de subir l’injustice (sans être capable de se défendre) que de la commettre. Les règles de justice ont été inventées pour prévenir et contenir les débordements des plus forts. En définitive, elles reflètent une morale d’esclaves, d’hommes dépendants.

 

Calliclès s’oppose ainsi, de la manière la plus abrupte, à l’idéal socratique : connaître l’essence des choses afin de réguler nos désirs. Se dominer, faire preuve avant tout de tempérance.