INTRODUCTION



L’histoire désigne, originellement, une opération narrative. Des actions humaines, parfois très enchevêtrées, se déploient dans un récit. C’est le cas dans le mythe qui – dans sa dimension orale – fait intervenir à la fois la réalité et le fabuleux et exprime un temps cyclique, immémorial.

Mais, la véritable rupture avec ce dernier ne se trouve-t-elle pas dans l’avènement du logos? N’est-ce pas à travers la prise en compte du témoignage et les premières formes d’enquête que le souci de rationalité se fait véritablement jour ? Encore faut-il préciser que les premiers historiens (un exemple, Hérodote*) restent encore "englués" dans une originalité subjective. Comment l’histoire peut-elle alors accéder au statut de science ?

Si au sens moderne, l’histoire désigne une connaissance élaborée du passé n’a-t-elle pas pour finalité d’éclairer notre présent à partir du déchiffrement des actions humaines et de nous projeter dans le futur ? N’est-ce pas, en effet, à partir de nouveaux projets que notre passé peut faire sens et que nous pouvons accéder à notre propre historicité.

Pour ce faire, de nouvelles méthodes de travail en histoire se sont imposées. Elles portent principalement sur les procédures de collecte et d’analyse de documents. Mais là encore ne s’agit-il pas d’une activité créatrice qui vise par l’écriture à reconstituer et à interpréter des faits ? Le travail de l’historien n’est-il pas, avant tout, une tentative de réappropriation du passé qui nous invite à interroger la dynamique interne des sociétés et des civilisations ? Sans ce rapport à l’histoire comment pourrions-nous nous sentir responsable à la fois de nos actes et…de notre époque.

Grâce à l’histoire, ce qui advient est mis en perspective et contribue à élargir notre liberté. Accéder à notre identité est donc déterminant. C’est, en effet, en saisissant ce que nous sommes que nous pouvons infléchir, c’est-à-dire modifier de manière concrète notre situation dans le monde.

* Hérodote : vers 484 - 420 av. J.C