ESPACE ET PERCEPTION

 

 INTRODUCTION

Problème:

Comment distinguer dans l’espace ce qui est naturel ou culturel ? Celui-ci est-il entièrement donné ou désigne-t-il une construction ?

L’idée d’un espace qui préexisterait à l’ensemble des choses qui l’occupent reste prégnante. Mais peut-on considérer cet espace comme une réalité en soi, totalement objective et indépendante...

Essayons tout d’abord de nous interroger sur notre manière de l’appréhender. Est-ce par une expérience sensible ou intellectuelle ?

Plusieurs pistes peuvent être explorées :

1.L’approche intellectualiste

Connaître: autrement dit, juger.

La réalité n’existe que par la représentation que nous nous en faisons. Ici, la perception – modalité de la conscience – est réductible au jugement. Percevoir relève d’une opération de l’entendement. Les données sensibles ne sont réellement saisies que par " inspection de l’esprit ".

Texte à consulter  : Cf. Descartes (l’examen du morceau de cire).

Méditations métaphysiques

2.L’approche empiriste

Connaître: autrement dit, sentir.

La perception, en tant que mode de conscience, est réductible à la somme des différentes sensations.

Pour les empiristes, il existe des "flux" très divers d’impressions. Il s’agit d’éléments simplement juxtaposés et qui sont de manière analytique découpés, décomposés, organisés. Ces sensations constituent la base de toute connaissance.

Hume, dans son Traité de la Nature humaine (1739) essaiera de réduire toute idée à des impressions.

" Par idées, j’entends les images effacées des impressions dans nos pensées et nos raisonnements ".

Hume définit comme suit ces impressions : " toutes nos sensations, passions et émotions telles qu’elles font leur première apparition dans l’âme ".

Mais comment pouvons-nous juger que toute idée est une impression affaiblie ?

Hume, nous demande de supposer que certaines de nos sensations disparaissent. Nous perdrions,dit-il, une gamme d’idées correspondant à ces sensations.

" S’il arrive qu’un défaut de l’organe prive un homme d’une espèce de sensation nous trouvons toujours que cet homme est aussi peu à même d’avoir les idées correspondantes. Ainsi un aveugle ne peut former aucune notion des couleurs, un sourd aucune notion des sons. Rendez à l’un et à l’autre le sens qui leur fait défaut en ouvrant ce nouveau guichet pour leurs sensations vous ouvrez ainsi un nouveau guichet pour les idées ".

3.L’approche phénoménologique

Elle s’appuie sur l’expérience vécue et tout particulièrement sur celle du " corps propre ".

Toute perception s’enracine dans l’image unifiée du corps. Perception indivise. Le corps conditionne toute perception ; il m’ancre dans le monde et me permet de saisir une totalité, celle de mon être-au-monde se détachant sur un fond sensoriel toujours unique et singulier.

Le rapport que j’entretiens avec ce corps structure mon champ perceptif *. Contrairement à la thèse empiriste, les phénomènes sensoriels ne sont plus isolables mais interdépendants.

Conclusion : l’espace est produit, élaboré par mes conduites corporelles. La culture y laisse aussi ses "sédiments" : des traces de projets anciens (et qui seront éventuellement repris).

* Si l'œil peut différencier près de deux millions de couleurs, nous avons la possibilité (dans notre propre langue) de nommer environ 3000 coloris