UNE SYNTHÈSE DU NÉCESSAIRE ET DU PARTICULIER



I. LA MARQUE GRANDISSANTE DE L'ESPRIT 

En entreprenant audacieusement (avec un courage raisonné), l’homme va progressivement se révéler à lui-même, accéder à sa vérité. « Le vrai, est le devenir de soi-même. » Hegel.

Comprendre nos propres actions, ce sera précisément tenter de réconcilier l’Esprit (encore appelé Idée ou Raison) et la réalité concrète ; saisir les choses dans leur totalité ; surmonter le négatif, les tensions, les états ou moments de contradiction.

Thèse de Hegel : ce qui se réalise à travers l’Histoire ne se fait pas de manière vaine et insensée.

Comprendre le cours des choses revient à examiner comment ce principe impersonnel qu’est l’Esprit s’extériorise, comment la puissance de la Raison se déploie.Il existe, en effet, une dynamique interne des évènements, une marche du monde.

Sous l’apparent désordre des actions humaines, une rationalité est à l’œuvre. Il convient alors de déchiffrer ce qui relève de la liberté, c’est-à-dire du vouloir raisonnable. Pour Hegel, les formes culturelles majeures, la naissance, le développement et la mort des civilisations * ne sont que l’expression logique de la Raison universelle.

Cf. L’expansion grecque, VIIIe - VIe s. av. J.C.

L’existence pour soi témoigne, en permanence, de ce souci de s’arracher au donné naturel immédiat.

Devenir soi, conquérir son identité exige que nous manifestions notre subjectivité dans le monde extérieur. Autrement dit, c’est en modifiant ce qui s’offre à nous immédiatement que l’Esprit s’extériorise, se représente et mesure par là même son propre pouvoir. Se réaliser équivaut donc à se reconnaître, à retrouver dans le monde extérieur la marque de notre intériorité la plus profonde, la pensée effective, l’Idée la plus élevée.

Reste à savoir comment les passions humaines peuvent y contribuer ?


II. UNE FIN DE L’HISTOIRE

Qu’il y a-t-il sous le flux, la turbulence, le désordre des évènements ? L’histoire n’est-elle que tristesse, révolte, violence… Face au spectacle de l’histoire, peut-on surmonter l’absurdité et le désenchantement…

 

 


Pour Hegel, seul, le savoir philosophique peut nous permettre d’effectuer un dépassement. Celui-ci
trouve sa forme la plus accomplie dans une Philosophie de l’Histoire, ample et ambitieux mouvement de rationalisation. «  La fin de l’histoire est le jugement dernier de l’histoire. » Hegel.

Sous l’aspect tumultueux des actions humaines, la raison est à l’œuvre. Un principe d’intelligibilité gouverne le monde : « Tout ce qui est réel est rationnel » Hegel, La Raison dans l’Histoire, 1830. Le mal de l’univers (le mal moral et son cortège de souffrances) peut être compris.

Exemple : les grands hommes et leurs passions. Ces grands hommes (César, Napoléon *…) représentent l’esprit d’un peuple. Leurs passions constituent des moyens pour conduire leurs actions, pour concrétiser leurs aspirations.

César : 101- 44 av J.-C ; Napoléon : 1769 - 1821.

Pour triompher la Raison va utiliser l’ensemble des passions particulières. Il s’agit là, d’une « ruse de la Raison »  Ces passions individuelles ont, en effet, une fin. Les passions, les vices, les défauts travaillent à la réalisation de cet Esprit des peuples sans que les individus eux-mêmes aient vraiment conscience de ce qu’ils apportent à l’histoire. En d’autres termes, les peuples ne sont que les instruments inconscients de L’Esprit du monde. Les passions servent ainsi des buts qui ne peuvent pas être immédiatement saisis. On ne saurait donc réduire l’action des grands hommes à de simples manies, caprices ou compulsions.

En tant qu’individus historiques, les grands hommes ont une destinée qui s’enracine dans la puissance de l’affirmatif. Ils savent précisément ce qu’ils veulent. C’est ce qui fait leur grandeur. Ces « conducteurs d’âmes » réalisent à travers leur propre objectif, un but universel. En utilisant les passions singulières (celles des individus) ils représentent – incarnent –l’esprit d’un peuple. Leurs actions permettent à l’Esprit du monde d’émerger, de se dessiner. Et, contrairement à ce que dit l’opinion, les grands hommes ne cherchent aucunement un bonheur individuel (égoïste). La passion personnelle qui les anime est entièrement au service d’un but plus élevé. Rien d’étroit dans ce qu’ils entreprennent.

Conclusion : l' Esprit universel (l’esprit du monde) peut poursuivre sa marche, prendre conscience de sa liberté et de sa vérité. Quête pleinement justifiée selon Hegel, compte tenu de l’exercice de « la toute puissance de la Raison sur le monde » .


 



Récapitulatif :

Elaborer une philosophie de l’histoire, présuppose qu’il y ait une rationalité de l’histoire humaine. Pour Hegel, il existe un principe spirituel, cette  idée que « la Raison gouverne le monde ». La Raison est considérée comme principe d’intelligibilité, fondement de toute valeur, « puissance infinie ».

L’énergie du vouloir (de la volonté raisonnable) s’oppose, de ce fait, au hasard.

Cette rationalité est à l’œuvre à travers les peuples, « figures multiformes », elle se sert de leurs passions désordonnées. La Raison est, en effet, incarnée par les grands hommes : individus historiques conscients de leur vouloir et accomplissant de grandes choses. Tendus vers leur but, ceux-ci ne peuvent être heureux. Ils agissent sans jamais satisfaire leurs intérêts personnels, exclusivement soucieux d’une fin générale.

La Raison réalise ainsi progressivement la synthèse du nécessaire et du particulier. Il existe un progrès de la raison. Cette dernière ne peut se réaliser, devenir effective, que par le biais de passions particulières (éléments actifs et subjectifs). Les peuples « sont les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment » Hegel.