DE L’ANATOMISTE AU PLASTINATEUR

 

Gunther Von Hagens, médecin allemand, est l’inventeur (en 1977) du procédé de plastination. 38 pays utilisent, aujourd’hui son brevet.

Sa collection de plastinats a été exposée dans de nombreux pays. L’exposition de Mannheim (All.), en 1997, déclencha de vives controverses *.

Qu’est-ce qu’un plastinat ?

C’est un procédé de conservation durable du corps et qui permet d’en restituer la complexité tridimensionnelle.

La plastination a pour but de montrer la structure interne des éléments du corps (appareil locomoteur, respiratoire, digestif…) et leur logique fonctionnelle.

Von Hagens a créé des pièces anatomiques très diversifiées : des plastinats en expansion, des plastinats "à tiroirs", des plastinats statuaires.

L’imprégnation de caoutchouc à la silicone renforce le caractère d’authenticité, l’apparence naturelle du corps.

Cette intervention sur les corps doit toutefois répondre à 3 règles :

- Dépasser les affects émotionnels et notamment le sentiment de piété (respect mêlé de crainte)

- Présenter les plastinats de manière totalement anonyme

- Être effectuée sur la totalité du corps.

Quel est le statut du plastinat ?

La dissection et la plastination sont très souvent associées. Un modelage à caractère artistique intervient. Mais, il ne s’agit pas pour autant d’une œuvre d’art !

Le plastinateur, selon Von Hagens, est un artisan d’art. L’habileté artisanale créatrice est, ici, déterminante puisqu’il convient d’esthétiser les poses, les positions. La plastination sinon serait insupportable et deviendrait une simple variation technique chosifiant le corps.

Le plastinateur est artiste d’anatomie, il maîtrise un certain nombre de procédures techniques (celles-ci sont transmissibles). Son but est de réaliser une " présentation esthétique et instructive de l’intérieur du corps."

Un plastinat peut donc être défini comme une anatomie didactique. Un plastinat n’est pas une production artistique totalement libre, un objet d’art à contempler. Il s’agit d’un corps chimiquement transformé. C’est un modèle structurel de cadavre ayant pour objet l’enseignement.

Conclusion : un plastinat permet ainsi de mettre, très ingénieusement, en lumière l’unicité du corps.

* Controverses toujours aussi nourries !

Cf. Le Monde du 19/ 01/ 04